Alors, finalement ? Dans l’OTAN la Suède ou toujours pas tout à fait dans l’OTAN ? Pas aussi simple qu’il n’y paraît. En effet, le sultan Erdogan n’en finit pas de jouer sa partition funeste et de souffler le chaud et le froid sur cette question de l’adhésion du royaume à l’OTAN. Un jour farouchement contre et le lendemain fervent partisan. Que croire ? Par surcroît, la Première ministre suédoise, Magdalena Andersson, joue les chattemites en ne voulant pas révéler ce qui s’est dit à la table des négociations entre la Turquie (Türkiye désormais pour ne plus être confondue avec une dinde en anglais, turkey) et son pays pour faire fléchir le pacha afin qu’il donne son accord d’adhésion.
C’est qu’il y va de la vie de dizaines de kurdes et turcs (73 sur la liste d’Erdogan)) qui vivent en Suède et que le dictateur turc veut voir extrader car les considérants comme terroristes. Alors, qu’a promis la première des ministres ? Elle ne veut pas le dire. Elle répète inlassablement que la Suède est un État de droit et que l’on n’extrade pas comme ça sur un claquement de doigt pour répondre aux injonctions d’un autre pays.
La diplomatie est un genre très spécial, l’altération de la vérité s’y pratique de haut-vol et ne la manie bien pas qui veut. Magdalena Andersson ne possède pas encore la rouerie nécessaire. Au ministère des Finances, elle pouvait user de la langue de bois et se planquer derrière des chiffres souvent abscons pour le vulgum pecus, au poste suprême, l’image est souvent plus valorisante que les faits. De là à abreuver le bon peuple de vérités alternatives, à l’instar de Trump, il y a de la marge.
Bref, on ne sait toujours pas s’il y a eu promesses d’extraditions ou pas de la part des Suédois. En même temps, on peut s’imaginer que si Recep Tayyip Erdoğan a finalement « donné » son accord d’adhésion, il l’a monnayé au prix fort. Donc, la réponse, diplomatique ou non, est dans la question ! Kurdes et Turcs en Suède ont de quoi se faire du mouron. Et ils s’en font, ils étaient plusieurs milliers à manifester dans la capitale en ce début juillet contre les « tractations » passées à Madrid au sommet de l’OTAN. Preuve, s’il en était, qu’ils n’ont, d’une part, aucune confiance dans le gouvernement suédois et que, d’autre part, ils redoutent les coups tordus du maître retors de la Türkiye.