Adhérer à l’OTAN ou ne pas l’intégrer ? La question est désormais très sérieusement posée en Suède et en Finlande après l’agression brutale de la Russie en Ukraine. C’est que ces deux nations, nordiques non alignées ne sont pas loin géographiquement de l’ours ex soviétique (Finlande et Russie ont une frontière commune de 1 340 kilomètres et l’île suédoise de Gotland n’est qu’à un peu plus de 300 km à vol d’oiseau de l’enclave de Kaliningrad).

Cette question d’une adhésion à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord est un serpent de mer pour la Suède. Depuis 1949, date de la création de l’OTAN, les différents gouvernements qui se sont succédé dans le pays ont été amenés à s’exprimer sur le bien-fondé ou non d’une appartenance à l’alliance atlantique. Et si les politiques, malgré un apparent front de refus à l’adhésion, en étaient en réalité de farouches partisans, le peuple suédois, lui, n’y était pas favorable. La situation est restée ainsi jusqu’en 1990, date à laquelle la Suède (tout comme la Finlande) a rejoint le Partenariat pour la paix de l’OTAN, un cadre qui permet à des non-membres de participer aux exercices et aux formations de l’OTAN. L’adhésion à l’Union européenne des deux pays nordiques en 1995 concluait pratiquement de facto un rapprochement à terme et à marche forcée vers l’intégration à l’OTAN. Et force est de constater aujourd’hui que la sacro-sainte neutralité suédoise a probablement vécu. Une politique de neutralité « juridique » lato sensu qui remonte à 1818, sous le règne de Charles XVI Jean, le maréchal d’empire Jean-Baptiste Bernadotte, dont on lui attribue la paternité. Un choix politique qui a permis au royaume d’«échapper » aux deux conflits mondiaux. La définition de la neutralité a subi un lifting et pas uniquement sémantique il y a quelques années en s’élevant à la non appartenance à une alliance militaire permanente tendant vers une neutralité stricto sensu en temps de guerre. En gros, la Suède ne se soustraira plus à certaines obligations…

Poussée par l’intervention militaire russe musclée, disproportionnée et sauvage en Ukraine, une majorité de Suédois (54 %) est désormais favorable à une adhésion rapide du royaume à l’OTAN. Tout comme en Finlande d’ailleurs où plus de 60 % de la population penche pour l’alliance. Actuellement, un débat au Parlement finlandais est en cours. En Suède, les Sociaux-démocrates au pouvoir estiment pouvoir présenter une demande d’adhésion pour la fin mai de conserve avec la Finlande. En revanche, il n’y aura pas de référendum en Suède sur ce changement de statut pourtant déterminant pour le pays ! Afin de mettre tout cela en place et accorder leurs violons, les premières ministres des deux pays nordique se sont récemment rencontrées à Stockholm. Sanna Marin, la Première ministre finlandaise était donc dans la capitale suédoise pour discuter de cette épineuse question. La Finlandaise, vêtue d’un blouson de cuir noir rappelant les personnages de Tom of Finland, avait belle allure à côté de la Suédoise au style plus… conventionnel, rappelant, elle, pour le coup, « Mutti » Merkel. Contraste assuré ! Les discussions semblent avoir été prolifiques, c’est du moins ce que les media ont retenues !

La Suède OTANisée ! Une incongruité il y a encore trois mois, comme quoi, OTAN en emporte le… !?!