À l’instar de la Finlande, qui a donné son feu vert fin 2021, la Suède a décidé à son tour d’enfouir ses déchets hautement radioactifs. C’est l’aboutissement d’un long processus entamé dès les années 1980 au moment où la Suède se posait la question de savoir s’il fallait ou non maintenir la production d’électricité d’origine nucléaire.
C’est le site de Forsmark, où il y existe déjà une centrale nucléaire et un centre d’entreposage des déchets de faible et moyenne activité à vie courte (le SFR) qui a été retenu comme lieu de stockage définitif (lire Forsmark, de la fusion à la fission de la matière).
Et pourquoi ce site-là plutôt que celui d’Oskarshamn où des essais d’enfouissement ont été réalisés durant de longues années dans un laboratoire souterrain à 600 mètres de profondeur ? Seule l’entreprise suédoise SKB chargée de la gestion et du stockage des déchets radioactifs pourrait répondre à cette épineuse question. Peut-être que le granite de Forsmark est plus stable, plus dense et a moins tendance à la fracture que celui d’Oskarshamn ? En attendant, c’est justement à Oskarshamn, en face de l’île d’Öland, que les déchets hautement radioactifs (quelque 8 000 tonnes quand même !) sont actuellement temporairement entreposés dans une piscine de désactivation (le Clab) située à 31 mètres de profondeur de la surface, au cœur de la roche. La Suède et la Finlande on fait le choix de ne pas retraiter leurs combustibles nucléaires et donc de les considérer comme déchets.
En se prononçant pour remiser ad vitam aeternam son combustible nucléaire usé à radioactivité longue dans la roche profonde, la Suède devient, avec la Finlande, l’un des leaders mondiaux de cette méthode de stockage (KBS-3). C’est à 500 mètres de profondeur dans de la roche cristalline (granite) que seront entreposés les conteneurs de cuivre enfermant les crayons qui recèlent les pastilles de combustible empilées.
Ils seront logés dans des cavités verticales (2 800 prévues) creusées dans la formation géologique, remplies ensuite de bentonite (argile souple à très grande capacité de rétention d’eau). Durée garantie et prévue de l’entreposage : 100 000 ans ! Quand on sait que les déchets nucléaires à vie longue émettent des rayons ionisants pendant des millions d’années, on est en droit de se demander si les Politiques savent de quoi ils parlent avec leurs miséreux 100 000 ans ! Des petits bras face à l’atome ! Les générations à venir s’en débrouilleront !… Les crayons seront placés dans des conteneurs en acier noir, eux-mêmes encapsulés dans des sur-conteneurs en cuivre (de 5 cm d’épaisseur et de 5 m de long) résistants à la corrosion. On veut bien le croire !
Les travaux de forage devraient commencer d’ici peu. La commune de Forsmark peut se frotter les mains, l’enfouissement des déchets nucléaires va créer des milliers d’emplois. Les Sociaux-démocrates ont pu prendre cette décision du fait que les Verts ont claqué la porte du gouvernement et que pratiquement toutes les autres formations politiques étaient partisanes d’un enfouissement sur le site de Forsmark (à 130 km au nord de Stockholm sur la Baltique).
C’est en 2100 que les zones de stockage seront définitivement murées. Commencera alors l’éternité et, comme le dit si bien Woody Allen, « l’éternité, c’est long, surtout vers la fin ! ».