Le Landernau politique suédois est en émoi. Pour la première fois de son histoire parlementaire, la Suède pourrait être dirigée par une femme. Retour sur le déroulé d’un épisode qui restera dans les annales.
Au début de l’été dernier, le Premier ministre social-démocrate, Stefan Löfven, est démis par un vote de défiance à son égard (voir d’humeur). L’opposition n’étant pas certaine de rassembler toutes les conditions pour diriger le royaume, l’ex est réinvesti dans ses fonctions.
Septembre, nouveau coup de théâtre. À un an des élections générales, le nouvel ex Premier ministre annonce qu’il ne briguera pas un autre mandat à la tête de sa formation politique et que par voie de conséquence il démissionnera de son poste.
Début novembre, Magdalena Andersson, pressentie par toutes les fédérations, succède à Stefan Löfven à la tête du parti social-démocrate lors de leur congrès.
Dans la foulée, ce dernier présente sa démission au président du Parlement qui entame immédiatement des pourparlers avec les responsables des partis politiques représentées dans l’hémicycle pour former un nouveau gouvernement.
La cheffe des sociaux-démocrates a ainsi des chances de devenir la première Premier ministre de Suède. Un comble dans un pays où la place prépondérante des femmes est depuis longtemps un acquis.
Jeudi, le président du Parlement, sans surprise, charge la nouvelle patronne du parti social-démocrate de s’assurer le soutien du Parlement pour diriger le gouvernement. Reste maintenant à Magdalena Andersson de convaincre ses « alliés » que sont les Centristes, les Verts et surtout la Gauche (ex communistes) de proroger la gouvernance de cette « coalition » jusqu’aux prochaines élections générales de septembre 2022. Les plus réticents, pour l’instant, sont le parti de la Gauche avec sa nouvelle cheffe, Nooshi Dadgostar. Une dure à cuire qui s’appuie pour négocier son soutien aux Sociaux-démocrates sur des sondages qui placent son parti à quelque 11 % des intentions de votes (plus que les Centristes et les Verts réunis).
Magdalena Andersson n’est pas la première femme à avoir dirigé le parti social-démocrate en Suède, Mona Sahlin avant elle s’y était essayée temporairement de 2007 à 2011. À la différence de Mona Sahlin, Magdalena Andersson n’est pas uniquement un « produit » du parti. Elle a fait des études d’économie à Handels (équivalent de HEC en France) et à Harvard. C’était aussi une nageuse de haut niveau dans sa jeunesse (ce qui lui servira probablement pour surnager dans le marigot politique). Le point d’orgue de son curriculum vitæ reste à ce jour, son poste de ministre des Finances, ministère qu’elle a dirigé de main de maître depuis 2014 jusqu’à maintenant. Il faut lui reconnaître une gestion extrêmement rigoureuse du budget de l’État, limite « frugale radine » !
La semaine 46 devrait donc voir l’avènement d’une femme à la tête du gouvernement suédois. Cinq partis politiques sur les huit représentés au Parlement sont dirigés par des femmes.