Pollution ! Tout de suite les mots qui fâchent ! Quelle pollution ? Les Suédois ne polluent pas, qu’on le sache ! Ce n’est pas parce qu’ils viennent d’inaugurer la plus grande usine de pâte écrue procédé Kraft au monde que ce sont des pollueurs en puissance. Non, bien sûr, mais ça risque fortement d’y contribuer ! Imaginez l’impact d’une production de 900 000 tonnes de pâte produites par an (il faut compter entre 20 et 40 m3 d’eaux usées par tonne de pâte… des chiffres astronomiques au final !), ça laisse, qu’on le veuille ou non, nécessairement et indubitablement des traces. C’est l’usine d’Östrand à Timrå sur la côte de la Baltique (au-delà de la ville de Sundsvall) qui assurera cette énorme production de NBSK (Northern Bleached Softwood Kraft) et la mer qui ingurgitera les déchets… burp !
Même blanchie à l’ozone, la pâte est loin d’être écologiquement « propre ». Il y a les eaux et les lessives résiduaires, plus tous les restes chimiques. C’est moins pire que le blanchiment au chlore qui a été une catastrophe pour la Baltique, mais quand même, de là à nous faire croire que le papier suédois lave plus blanc, il ne faut pas nous prendre pour des canards sauvages, comme disait Michel Audiard. À ce propos, les papetiers suédois et finlandais sont coupables d’avoir bien salopé la Baltique jusque dans les années 1970 au point que la plupart des fonds de son littoral sont bel et bien morts et pas prêts de revoir flore et faune sous-marines dignes de ce nom.
Aujourd’hui, les stations d’épuration sont plus efficaces, la production aussi… paraît-il, quoi que, d’après des spécialistes, ce n’est pas la panacée. Une certaine empreinte négative sur la nature reste somme toute significative et indélébile. Allez, ne soyons pas plus écologistes que le climat, comment vivrions-nous sans les emballages ? Poser la question, c’est y répondre !
Dans un autre segment du même registre : le désencrage. C’est une calamité écologique. Pourquoi cette remarque ? Parce que la Suède ne fait pas son boulot jusqu’au bout. En effet, si le royaume procède avec rigueur à la collecte et au tri des journaux, papiers, livres et cartons, elle ne se charge surtout pas d’en retirer l’encre. Les papiers à recycler sont envoyés en Allemagne et en Angleterre pour l’opération de désencrage. La Suède peut ainsi afficher un bilan carbone attractif, optimisant sa fiscalité écologique lui permettant des compensations carbone (pour atteindre la neutralité… carbone). En gros, les autres se dépatouillent avec les polluants et Nous (Suédois), à l’instar de Raminagrobis, on tire les marrons du feu et on renoue avec les préceptes de modèle, les premiers de cordée du développement durable. Comment qualifier cette attitude sur le papier ? D’écolo incompatible illisible ?!?