Lessivé Assange ? Pas si sûr ! Julian Assange, pour faire court, c’est cet Australien d’une quarantaine d’années qui a publié sur son site Wikileaks des infos secrets défense en provenance des US of A et notamment des télégrammes diplomatiques et des rapports militaires sur l’Irak et l’Afghanistan. Il vit réfugié depuis plus de trois ans dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Pourquoi ? Parce que la Suède a lancé un mandat d’arrêt international contre lui pour l’entendre sur des affaires d’agressions sexuelles et de viols présumés que Julian aurait perpétrés lorsqu’il était en Suède il y a cinq ans pour présenter sa « mission » lors de différentes conférences dans le royaume. Allégations qu’il réfute. Assange ne veut pas se rendre en Suède de peur d’être extradé vers les États-Unis où il encourt de graves poursuites judiciaires (la mort pour trahison dans certains États).
Il n’a qu’une confiance très limitée dans la justice suédoise. À tort ? À raison ? En principe, la Suède n’extrade pas les personnes qui risquent de très lourdes peines dans les pays qui les réclament. La Suède n’est toutefois pas à l’abri de pressions de la part d’États amis… D’où l’inquiétude d’Assange qui estime qu’une cabale a été montée contre lui dans le but de l’extrader, une machination politique machiavélique qui n’est peut-être pas sans fondements.
En attendant, Julian Assange joue la montre et, pour l’instant, il faut admettre que cela lui a réussi. Deux des accusations qu’il encourait sont désormais prescrites : l’agression et la coercition sexuelles. Restent les viols (s’ils ont eu lieu ?) qui seront prescrits en 2020 (encore cinq ans à tenir dans les 15 m² de la pièce qu’il occupe dans l’ambassade d’Équateur !). Il faut rappeler que les deux plaignantes suédoises admettent avoir eu des rapports consentis avec Assange, mais n’ayant pas utilisé de préservatifs alors que l’une de ses partenaires le lui demandait, son attitude relève d’une forme de viol. Par surcroît, il aurait eu un rapport non protégé avec l’autre alors qu’elle était endormie ! Ce qui, en Suède, se traduit par la notion de « sexe par surprise » et est considéré comme viol. On imagine la scène : « Qu’est-ce que tu fais ? ».« Ben… devine ! ».
Assange a utilisé tous les recours possibles et imaginables pour tenter de se soustraire aux justices suédoise et anglaise. Sans succès, d’où sa présence dans l’ambassade d’Équateur.
La Suède et l’Équateur n’ont pas d’accords de coopération judiciaire. Il faut en trouver un si l’on veut débloquer la situation. Depuis peu, les deux États ont décidé de se rencontrer pour négocier un dispositif juridique fiable pour chaque partie. Jusqu’à présent l’Équateur voulait que la Suède donne le statut de réfugié à Assange pour que le procureur du royaume puisse l’interroger dans l’enceinte de l’ambassade. Pour la Suède, ces questions relèvent de l’immigration et non de la justice. Bref, quand on ne veut pas s’entendre, il y a toujours un moyen de s’empêcher de le faire. On verra dans quelques mois si les législateurs des deux pays sont arrivés à un accord, même croupion ! Pour l’heure, Assange mijote dans sa « cellule » équatorienne avec la bénédiction de Rafael Correa, le président.
Pour certains, la liberté d’expression est à ce prix !