Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur manipulatrice…

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Thomas Quick, vous connaissez ? Et Sture Bergwall ? Non ? Rien de surprenant, c’est une seule et même personne. Dans la version Quick, un tueur en série qui s’est accusé de 39 meurtres, en mode Bergwall, un Suédois manipulateur, toxico un peu à la masse manipulé par une psychiatre partisane de la mémoire refoulée retrouvée. En réalité, une affaire juridico-psychiatrique qui met en exergue un double naufrage, celui de la justice et de la psychiatrie.

Sture Bergwall est aujourd’hui un homme libre, il a quitté l’asile psychiatrique où il était enfermé depuis 1991. Il réclame des dommages intérêts à l’État (de quoi vivrait-il d’autre ?). Comment en est-on arrivé là ? C’est compliqué. Adolescence mouvementée, grosse dépendance aux drogues, attouchements sur des jeunes, il est homo (ça n’explique pas tout, mais les faits sont là), braquages et même un meurtre. Direction l’asile psychiatrique. Une fois-là, il s’y plaît et ne tient pas à s’en extraire. Comment faire pour y rester ?

Le patient Bergwall est alors suivi par une équipe de psys dirigée par Margit Norell, une psychothérapeute adepte de la théorie de la mémoire retrouvée qui règne en diva sur l’établissement. Charismatique, la psy procède aux techniques de manipulation mentale. Le syndrome des faux souvenirs opère des ravages chez Sture Bergwall qui devient Thomas Quick. Il revendique 39 meurtres, dont de nombreux enfants, la justice en retiendra 8 pour lesquels il sera jugé coupable et condamné. Le coupable idéal !

Tout le monde y trouvait son compte. Sture-Thomas pouvait ainsi se charger comme une mule nourrissant son addiction, Margit Norell imposait son syndrome et sa notoriété et la police réussissait à mettre le grappin sur l’assassin de bon nombre de meurtres non élucidés. Le pire, c’est que les psys dirigeaient la partition pour les flics ! Ce sont eux qui menaient en réalité l’enquête, les pandores n’avaient pas grand-chose à ajouter. Et la justice dans tout ça ? Parlons-en ! Des avocats aux procureurs en passant par les juges, toute la gent judiciaire a plongé toutes robes au vent dans le panneau. Quelle belle image d’une justice bafouée ! Las, des journalistes finissent par s’emparer de l’affaire, mènent l’enquête, Sture Bergwall revient sur ses aveux, on le rejuge, faute de preuves il sera finalement acquitté de tous les meurtres. Bergwall est un manipulateur et un simulateur né. Qu’il ait été fou comme un bourdon ne fait aucun doute, qu’il se soit créé de faux souvenirs en thérapie pour embellir sa mégalomanie reste plausible. Reste à savoir s’il est réellement innocent ? Là, les opinions divergent. Quelqu’un a bien commis ces crimes ?

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