Millénium, la trilogie de Stieg Larsson (Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette et La Reine dans le palais des courants d’air), s’est malheureusement vue engrossée d’un quatrième opus, Ce qui ne me tue pas, commis par des pilleurs de tombes, David Lagercrantz (nègre de Moi Zlatan) et la maison d’éditions suédoise Norstedts.

Qu’est-ce qui pouvait pousser Norstedts à faire écrire et publier une suite à la trilogie de Stieg Larsson (décédé en 2002), sinon le fric ! La belle aubaine de presser le citron (la maison d’éditions devant éponger des dettes après une gestion un tantinet hasardeuse voit là l’occasion de se refaire) ! Pourquoi cette crasse appropriation intellectuelle ? Une supercherie littéraire de taille qui ne va pas redorer le blason d’éditeurs qui s’assoient sur l’éthique de la profession. Les arguments de la responsable des éditions Norstedts pour prouver le bien-fondé d’une suite indispensable au Millénium du génial créateur disparu ne tiennent pas la route. Comment le pourraient-ils d’ailleurs ? «  Nous avons discuté de tout cela avec les héritiers de la succession de Stieg Larsson, ils ont cautionné l’idée. Ils étaient tout à fait d’accord sur le projet et le choix de l’écrivain (comme si le père de Stieg et son frère avaient  envisagé un instant une suite à la saga Millénium !). » Et comme si ça ne suffisait pas, la responsable en remet une louche en avançant que se substituer à un écrivain après sa disparition n’est pas nouveau, et de prendre pour exemple le Scarlett d’Alexandra Ripley suite au roman Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, ou encore la ribambelle d’écrivains qui ont écrits des suites aux aventures de l’espion James Bond de Ian Fleming, voire Sophie Hannah qui avec son Meurtres en majuscules a ressuscité le personnage emblématique de l’immense Agatha Christie, Hercule Poirot. Bref, au-delà des bornes, il n’y a pas de limite à la mauvaise foi !

Il va sans dire que les amis et proches de Stieg Larsson sont extrêmement remontés contre ce maelström commercial et notamment sa veuve, Eva Gabrielsson, qui ne décolère pas (Eva et Stieg n’étaient pas mariés, ni pacsés, ni concubins. Eva n’a donc aucun droit sur la succession. Ils ont tout de même vécu ensemble pendant 32 ans).

« Et dire que Millénium est une œuvre qui s’insurge contre toutes les formes d’exploitation et d’exercices biaisées du pouvoir ! L’écriture d’un quatrième tome par une personne qui n’était ni de près ni de loin liée aux idées de Stieg est hautement ironique. Stieg l’aurait pris pour l’insulte suprême ! Et si Lagercrantz est si doué, pourquoi n’écrit-il pas ses propres bouquins ? » Bonne question ! En effet, David Lagercrantz, fils de l’écrivain Olof Lagercrantz, a surtout commis des biographies (Göran Kropp, aventurier et alpiniste suédois, Håkan Lans, génial inventeur informaticien suédois, Alan Turing, mathématicien et cryptologue britannique et enfin Zlatan Ibrahimovic, le Suédois aux crampons d’or), alors de là à poursuivre à main levée dans les pleins et les déliés de l’imagination de Stieg Larsson, il y a de la marge ! Que n’a pas hésité à franchir David Lagercrantz. N’invente pas qui veut et sur commande le personnage de Lisbeth Salander  !

La trilogie s’est vendue à ce jour à 80 millions d’exemplaires dans une cinquantaine de pays ! On estime que cela a rapporté quelque 430 millions d’euros. On réalise ainsi mieux les réelles intentions de la maison d’éditions Norstedts à poursuivre l’aventure.

Ce qui ne me tue pas, c’est la honte, peut se dire Norstedts !