Encore une fois, le Parlement suédois a rejeté la ratification de la Convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) destinée à reconnaître aux Samis des droits fondamentaux sur leurs terres. La Suède a bien signé la Convention mais ne l’a jamais ratifiée. Le signal fort d’une nation démocratique qui ne tient pas à accorder à une population indigène le droit à contrôler ses modes de vies, ses institutions et son développement économique. Pour un pays qui se veut phare dans les domaines des droits de l’Homme, de la justice sociale et du respect des peuples à leur autodétermination, ça la fout plutôt mal !
Le rapport des Suédois aux ex Lapons est loin d’être idyllique. L’attitude des Suédois a longtemps été (et le reste sans doute encore avec la mauvaise volonté évidente de ratifier la Convention) carrément raciste vis à vis de ce peuple aborigène. Déjà les Vikings repoussaient ces populations vers le nord du royaume. De tout temps éleveurs de rennes, les Samis n’ont jamais intéressé les Suédois, si ce n’est pour les humilier en colonisant leur territoire. Au 18e siècle, l’église luthérienne de Suède pourchasse les shamans, ces hérétiques qui enferment le diable dans leur coiffe à bosse ! Au début du 20e siècle, les Lapons sont considérés ni plus ni moins comme l’archétype de l’idiot par les racialistes de l’Institut national de biologie raciale d’Uppsala. Le nom de lapon provient du mot suédois lapp qui désigne une guenille, une lavette. La province du Lappland (Laponie) existe toujours officiellement, alors que le nom de lapon est à éviter. Aujourd’hui, la plupart des Samis vivent à Stockholm et Göteborg et sont assimilés-intégrés.
Et pourquoi les Suédois, toujours prompts à défendre la noble cause des peuples à disposer d’eux-mêmes, traînent-ils les pieds pour les Samis ? C’est la faute au juridique ! En effet, le droit suédois n’arrive pas à dénicher une tournure juridique appropriée pour caser ses autochtones. Le peuple Sami ne constitue pas une véritable minorité nationale au sens juridique large du terme. Étant morcelée sur plusieurs états (Norvège, Finlande, Russie et Suède), la communauté sami ne dispose en réalité d’aucune réelle souveraineté étatique. Et c’est là où le bât blesse, selon le législateur suédois. Certes les Samis ont des droits, mais ils ne peuvent légalement disposer d’eux-mêmes. Et la Suède leur refuse. Les droits ça s’acquièrent, ça se conquièrent, on peut y renoncer, les céder, on peut aussi se les arroger, et si l’État consentait tout simplement à s’en démettre ? Pour enfin faire ce qu’ils préconisent pour les autres !