Il y a une quinzaine d’années (1999 pour être exact), les Suédois se dotaient d’une nouvelle loi sur la prostitution. Une législation qui, selon ceux qui l’ont promulguée, allait carrément éradiquer « le plus vieux métier du monde » ! Pour faire simple comme une passe, l’achat de services sexuels est interdit, mais la prostitution reste légale. C’est déjà assez vicieux en soi ! Le torsk en suédois, la morue (le micheton) en français, encourt une amende au prorata de ses revenus et/ou une peine de prison maximale d’un an. Aucun « acheteur de sexe », comme nomment pudiquement les Suédois le client, n’a jusqu’à présent été incarcéré.
Mais qu’en est-il 15 ans après ? Deux sons de cloche.
Pour le ministère de la Justice et les services sociaux, le bilan est positif. Selon ces institutions, la prostitution de rue aurait diminué de moitié par rapport à 1998. Dont acte. 94 clients se sont faits épinglés en 1999 (il faut pratiquement les prendre en flagrant délit. Le pantalon dans le bas des jambes ?). Longtemps, on a tourné autour de 100-150 par an, mais depuis quelques années les chiffres sont nettement à la hausse : 1 277 en 2010, 765 en 2011, environ 600 en 2014. Bref, les clients se relâchent et se font coincer. Les filles racolent toujours, nettement plus sur Internet que dans la rue. Il faut dire qu’il faut réellement avoir le feu au derche pour tapiner l’hiver !
Pour la RFSU, l’association suédoise pour l’éducation sexuelle, la satisfaction annoncée par les pouvoirs publics de l’impact positif de la loi sur la sécurité et la protection des péripatéticiennes est hautement infondée. Les preuves tangibles ne sont pas au rendez-vous. Pour l’association, il semble même que l’on se dirige vers une pénalisation à terme des travailleuses du sexe. Ce qui, dans la loi actuelle, n’était pas le but de la manœuvre. Bref, comment satisfaire tout le monde avec une législation aussi tordue ? Putain de sort !