La Suède est-elle capable de se défendre en cas d’agression (russe, qui d’autre ?!?) ? On est en droit de se poser la question. Il y a en tout cas peu de galonnés du Haut commandement suédois qui sont prêts à répondre par l’affirmative à cette question embarrassante. Surtout quand le plus haut gradé du lot avoue que le royaume ne tiendrait pas plus d’une semaine en cas d’invasion (il faut dire que la probabilité d’invasion est quasiment nulle !). On ne peut pas à la fois réduire les dépenses de la défense tout en en renforçant la sécurité. La neutralité, même à géométrie variable, a un prix.
Démarré il y a maintenant un quart de siècle, le dégraissage des forces armées s’est accéléré ces dernières années. On est ainsi passé de 116 bataillons alors à 7 aujourd’hui ! Par surcroît, en 2010, le Parlement a pris la décision d’abandonner le service militaire obligatoire basé sur la conscription. Ajoutez à cela que les volontaires pour une armée de métier ne se précipitent pas et c’est ainsi que le royaume se retrouve avec une armée de type Bourbaki. À l’instar des coupes d’incorporation, les coupes trop claires finissent par trop déboiser !
Les incursions de sous-marins et d’avions fureteurs cet automne ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Pour satisfaire en partie les militaires et une frange grandissante de la population qui s’inquiète du dépérissement de la dissuasion des forces armées suédoises, le gouvernement de Stefan Löfven a accordé une rallonge à la défense. Il vient aussi de prendre la décision de rappeler des réservistes ayant fait leur service militaire entre 2004 et 2011 pour des manœuvres. La faute aux Russes et leurs agissements (annexion de la Crimée, crise ukrainienne, menaces verbales dans les Pays Baltes, etc.). La conscription ferait-elle son retour en catimini ? En paix (forcée ?) avec ses voisins depuis plus de 200 ans, la Suède ébouriffe ses plumes pour se faire plus menaçante qu’elle ne l’est en réalité. Les Russes tremblent ! Autant en emporte l’OTAN !