La prévisibilité en matière de politique en Suède était une constante sur laquelle on pouvait parier en toute tranquillité. Il faut désormais changer son fusil d’épaule. La Suède est entrée dans le concert des nations pour ce qui est de l’inattendu politicien.
Fin août, un dimanche, Stefan Löfven, Premier ministre en poste depuis qu’il avait été contraint de démissionner début juillet puis repris du service en suivant, annonce de but en blanc qu’il démissionnera à l’occasion du congrès que les Sociaux-démocrates tiendront en novembre prochain. Surprise, probablement en partie feinte, de la classe politique ! Ce n’est pas le genre des dirigeants sociaux-démocrates de quitter le job en cours de mandat. Tout change, les politiques aussi apparemment. Stefan Löfven n’a pas démérité. Il a réussi à maintenir le parti au pouvoir, même si les chiffres de ce dernier s’émiettent. Le problème, c’est qu’à force de s’étioler, il faut faire de plus en plus de compromis pour se maintenir aux commandes. Jusqu’où aller sans se dévoyer ou trahir l’idéal social-démocrate ? Les prochaines élections générales de septembre 2022 sont loin d’être gagnées d’avance pour le parti des Travailleurs. Conscient de toutes ces données et sans doute lassé aussi par l’exercice particulièrement contraignant du pouvoir à son égard, Stefan Löfven a décidé de jeter l’éponge.
Et qui sera en mesure de le remplacer au débotté ? Plusieurs noms circulent dont celui de Magdalena Andersson, l’actuelle ministre des Finances. Une femme au poste de Premier ministre, ce serait une première en Suède qui malgré son féminisme affiché n’a jamais laissé les rênes du pouvoir au deuxième sexe. La condition sine qua none étant que l’économiste de formation accepte, ce qui ne va pas de soi ! En effet, les Sociaux-démocrates ont de plus en plus de mal à s’imposer dans le royaume.
Avec 24 % d’intentions de votes dans les sondages, il n’y a pas de quoi pavoiser. En face, l’opposition est en embuscade. Les Modérés et les Chrétiens-démocrates font tout pour se positionner éligibles, jusqu’à faire ami-ami avec les Démocrates de Suède (l’extrême droite) qui, eux, s’érigent en faiseur de roi. Sur le flanc gauche, la Gauche (ex communiste) n’est absolument plus prête à faire de concessions. Quant aux « partenaires » de l’actuelle coalition gouvernementale, Verts et parti du Centre, il ne faudrait pas que les exigences soient trop radicales pour qu’ils rempilent. Reprendre les rênes dans ces conditions relève du tour de force. Au pays de Fifi brin d’acier, ça ne devrait pas être insurmontable, mais nullement garanti non plus ! Et si elle se fait des couettes ?