Après K, comme Katarina, il fallait bien compléter l’état civil de l’ex « immortelle », ce sera donc F, pour Frostenson (voire pour fabliau, fadaises, fornication, forum, fourberies, fricotage, fouille-merde [bousier], etc.). Sans vouloir être rude ou caustique, la lecture de cet ouvrage amène une réflexion qui ne plaira pas à l’autrice : Katarina Frostenson, était-ce bien utile d’écrire ce pensum ? Certes, il n’y a pas de mal à se faire du bien, mais un récit aussi amer, aussi sombre et avec autant de haine, la charge n’est-elle pas trop lourde ? Sur le thème de l’injustice flagrante de la condamnation de son compagnon de vie, la poétesse n’arrive pas à convaincre. Le monde de la justice et des media se sont liés contre Arnault, l’innocente victime ! K. F. n’a pas de mots assez durs pour dénoncer, à ses yeux, ces assertions.
Elle a beau aller chercher les auteurs les plus prestigieux pour nourrir sa diatribe, son propos tombe souvent à côté. Elle ne se résout pas à admettre l’inadmissible. Intellectualiser un fait divers crapuleux, c’est un déni flagrant d’honnêteté intellectuelle.
Toutes les vingt pages (il y en a 250 !), c’est plus fort qu’elle, le prurit la démange, il faut panser la plaie béante, les onguents ne font que réveiller le mal… elle s’acharne, elle éructe, elle se fait violence… et un coup de fiel bien senti que la plèbe envieuse, les media et les « immortels » qui s’accrochent à leurs fauteuils académiques n’emporteront pas au paradis… « Fiel, mon mari ! »
Par surcroît, elle n’en finit pas de régler ses comptes à l’abject #metoo. Elle ressasse, ratiocine, se répète à l’envi pour tenter de comprendre ? d’admettre ? de reconnaître ? Tant d’amertume, d’humeurs malsaines… épuisant !
Prendre l’enfermement de Rosa Luxemburg pour l’identifier à celui de son mari condamné est de très mauvais goût et totalement inapproprié. Parce qu’elle était juive ? Une politique vs un accusé de déviance sexuelle ?!? Et puis Dreyfus, injustement accusé… comparaison n’est pas raison ! Foucault s’invite aussi sans le parangon des prisonniers opprimés, sans omettre Durante Alighieri ! Et Polanski ? Injustement condamné, comme J-C ? Non, Mme Frostenson, il y a des limites que vous avez franchies…
Vous en appelez avec respect à Zola et son article du 13 janvier 1898 parut dans l’Aurore prenant la défense, et de quelle manière, de Dreyfus. Mais qui, à part vous, en Suède voudrait s’attaquer à « l’erreur judiciaire » sur la personne de J-C. A. ? En l’état, personne ! Où sont les « amis » du coupable, les Horace Engdahl et Stig Larsson ? Cause perdue… À force de voir des complots partout, vous en devenez complotiste vous-même et les théories conspirationnistes fleurissent et font florès.
Autant K avait permis de pénétrer les arcanes de l’Académie suédoise et d’exposer votre courroux en partie justifié contre l’institution, la société suédoise et ses travers, autant F ressasse un sentiment d’injustice que vous êtes bien la seule à déplorer (voir un K d’école).
Et puis, quand on se pique de parler le français et d’être écrivain, on tâche de ne pas faire de faute. ”Ils nous auront pas ” s’écrit ainsi et non pas « ils nous aurons pas » comme dans votre texte, Mme K.F. !