C’est reparti ! La Royale suédoise chasse de nouveau le sous-marin… russe évidemment, dans l’archipel de Stockholm. La marine ne se lasse jamais de la traque au submersible invisible. Le scénario est désormais classique et bien rôdé. Des experts de la marine repèrent des activités sous-marines sous forme de messages codés provenant de bâtiments russes et une photo prise par un Suédois lambda qui passait par là vient étayer la thèse du sous-marin qui fait surface. On est un peu dans le délire ! Le soi-disant périscope a des allures de monstre du Loch Ness émergeant des eaux. En gros, on peut y voir ce que l’on veut. Tous les éléments sont en place pour lancer le show médiatique. Et les militaires ne s’en privent pas ! Une noria d’hélicoptères et de bateaux de guerre ratissent les baies et les estuaires de l’archipel à la recherche du sous-marin fantôme et la presse embraye aussitôt, voulant nous faire avaler l’imminence d’un débarquement russe.
Ce n’est évidemment pas la première fois que les militaires suédois se la jouent guéguerre. On se souvient des incursions à répétition de « sous-marins russes » sur les côtes suédoises dans les années 1980 et 1990. Il est vrai qu’en 1981, un vrai sous-marin russe, le U 137 de la classe des Whiskey s’était échoué sur des rochers près de la base sous-marine de Karlskrona dans le sud du royaume. Ce qui avait alors valu ce titre sarcastique et à double sens dans la presse suédoise : « Whiskey on the rocks » ! Le commandant marinier russe avait alors avoué qu’il croyait être dans les eaux polonaises ! Ah ! La vodka à l’herbe de bison !
En 1982, l’archipel de Stockholm est le théâtre d’une opération grandiose de battue au sous-marin. Dragueurs de mines, frégates anti-sous-marine, patrouilleurs et hélicoptères s’acharnent pendant deux semaines sur le submersible fantôme. La marine sort alors le grand jeu, grenades sous-marines, sonars embarqués sur hélico, bouées acoustiques, filets anti sous-marins… la totale ! Le sous-marin (s’il y en avait un) ne fera pas surface. Dans les années 1990, la défense remet ça ! Re branle-bas de combat et là encore, l’engin amphibie (des traces de chenilles ont été repérées sur les fonds marins des chenaux empruntés par les navires de la marine nationale suédoise !) refuse à pointer son périscope hors de l’eau. De guerre lasse, la marine, piteusement, avouera que la signature acoustique qu’elle était persuadée provenir d’un sous-marin russe était en fait la signature… d’un vison ! De quoi être habillé pour l’hiver après s’être bien fait fourrer !
Et si les militaires, qui depuis une dizaine d’années ont vu le budget de la défense se réduire de manière drastique n’en rajoutaient un peu dans la mise en scène en faisant des ronds dans l’eau pour justifier une révision à la hausse des budgets en ces temps où Poutine montre de plus en plus ces petits muscles ?
Il y a quelques temps, deux avions russes ont violé l’espace aérien suédois du côté de Gotland. « Provocation pour tester notre défense », ont alors braillé les militaires. Et maintenant les activités sous-marines ! Intox ? Les Sociaux-démocrates au pouvoir n’ont rien contre une défense renforcée, les Verts, en revanche, qui gouvernent avec eux, sont contre un retour à une défense forte. Une guerre parlementaire risque de se déclarer. Et les visons, comment se portent-ils, parlent-ils le russe ?