Qu’est-ce qu’il lui a pris à Ole von Uexkull, le directeur de la fondation du prix Right Livelihood, d’attribuer ce Nobel alternatif à Edward Snowden, cet informaticien américain qui avait révélé au monde le programme de surveillance massif mis en place par la NSA (l’Agence nationale de sécurité américaine), nécessité, selon elle, pour lutter contre le terrorisme et autres risques géopolitiques ? Sait-il des choses que nous ignorons ? En tout état de cause, le récipiendaire n’a pas l’air d’être en odeur de sainteté auprès des Affaires étrangères suédoises qui ont décidé de lui refuser l’accès à ses locaux (alors que depuis la création du prix Livelihood, il y a 18 ans, les prix sont annoncés chaque année dans la salle de presse du ministère) ! Officiellement, les services des Affaires étrangères invoquent des questions liées à de nouvelles mesures de sécurité (ils savent les contourner lorsque c’est nécessaire !).
Officieusement, ce serait Carl Bildt soi-même (le ministre des Affaires étrangères) qui aurait mis son veto. Bildt n’aime pas le lanceur d’alerte, c’est perso. Déjà, au printemps dernier, il s’était opposé à la venue d’Edward Snowden à une conférence internationale organisée dans la capitale suédoise en jurant-crachant que les motivations du refus n’étaient nullement politiques. Bref, le prix attribué à Snowden embête la Suède ! D’un côté, les Suédois ne peuvent qu’applaudir aux révélations qui sont en phase avec leur vision de la transparence démocratique, et de l’autre, rester prudemment neutres, vu que Snowden serait traduit en justice aux US of A pour trahison si d’aventure il y revenait. Pas évident de se positionner ! Mais comme toujours, ils sont malins. Ils s’opposent à l’annonce du prix dans la salle de presse des Affaires étrangères, mais donnent leur feu vert pour la remise du prix dans l’enceinte du Parlement. L’honneur est sauf.
Edward Snowden a décroché le prix Livelihood pour son courage et son talent à dénoncer les activités de surveillance des États-Unis qui violaient ainsi les processus démocratiques et les droits constitutionnels fondamentaux (pas dit du tout que le barouf causé par le lanceur d’alerte ait arrêté les grandes oreilles de la NSA de nous écouter !).