Circumpolaire

Une actu décalée de la Suède

D’humeur habitable…

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Force est de reconnaître aux Suédois leur grande habileté dans de nombreux domaines d’activités. Il en est cependant un où leur légendaire compétence comporte de graves lacunes : l’immobilier. Un vrai capharnaüm ! Se loger en Suède, spécialement à Stockholm, est une gageure. Et cela ne date pas d’aujourd’hui, mais bien d’avant-hier. Galère tant dans le locatif que dans celui de l’accession à la propriété. La faute à qui ? À personne, bien entendu… sauf, sauf peut-être au marché ! Ah ! Le marché… de l’offre (quasi inexistante) et de la demande (surabondante). Bref, une cata persistante qu’aucun gouvernement, conseil régional ou municipal n’ont réussi à régler. Pas de modèle dans ce secteur d’activités ? Même pas de quoi en loger un !

Le marché locatif est en-dessous de tout. Deux filières à disposition. L’officielle où il faut compter une petite quinzaine d’années dans des listes d’attente aux réglementations souvent fantaisistes, et la souterraine – marché noir – où l’argent roi est l’unique critère. Bref, une transparence glauque, et bonjour les sous-locations à des prix quasi indécents. L’insuffisance chronique de logements contribue largement à cette situation chaotique, mais ce n’est pas la seule, s’y ajoutent les prix à la construction qui flambent et plombent le marché et puis aussi le fait que les propriétaires occupent eux-mêmes leur logement. Inextricable !

Devenir propriétaire relève tout autant du parcours du combattant et, pour s’y retrouver, mieux vaut bien posséder la langue de Strindberg. Très peu de Suédois sont propriétaires comme on l’entend en France. La plupart sont membres d’une coopérative d’habitation dans laquelle ils possèdent des parts. La coopérative gère tout ce qui a trait à l’immeuble, hypothèques, financement du terrain, gestion des ordures, l’eau, etc. Le « propriétaire-locataire » suédois paie les charges inhérentes à l’immeuble à la coopérative. Une sorte de copropriétaire à la française gérée par un syndic… sans l’être. La coopérative a un droit de veto, par exemple, sur le droit ou non de louer son appartement. Autre particularité qui peut faire froncer un sourcil aux Français, les prêts immobiliers… à vie ! Et là, c’est un peu le délire.

Pour faire savant, la grande majorité des Suédois qui empruntent pour se loger recourent aux prêts dits in fine. À savoir, que les emprunteurs ne remboursent que les intérêts et ne règlent le capital emprunté qu’à l’échéance du prêt. Résultat, la plupart des Suédois n’acquièrent jamais réellement leur propriété ; ils paient les intérêts mais n’amortissent pratiquement jamais. Ainsi, la durée moyenne de remboursement s’élèverait à 140 ans !!! Cette pratique inquiète les autorités, surtout la banque de Suède qui veut que le législateur y mette fin. Rembourser ses dettes de son vivant paraît une évidence… et bien pas en Suède ! En attendant les prix de l’immobilier flambent au point que certains redoutent un remake de l’éclatement de la bulle immobilière du début des années 1990 qui avait entraîné une grave crise financière et amené le royaume à prendre des mesures drastiques pour s’en sortir. Nous n’en sommes pas là, mais des instances comme le FMI, l’OCDE ou la Commission de Bruxelles tirent la sonnette d’alarme et somment les autorités suédoises à légiférer sur l’obligation d’amortir les prêts hypothécaires. Il faut dire que la fiscalité immobilière reste très avantageuse : 30 % des intérêts immobiliers réglés sont déductibles et, par surcroît, pas d’impôts à payer sur la plus-value si l’on rachète en suivant un bien immobilier que l’on vient de vendre. Et pourtant le marché est complètement à la ramasse !

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